Les bonnes graines des mauvaises herbes

À la sortie de son BTS gestion et protection de la nature, il s’est lancé avec Natacha dans cette aventure de maraîchage au nom qui sonne comme une conjuration. Un maraîchage bio, “parce que c’est une évidence aujourd’hui pour un jeune qui s’installe”, et diversifié. Un demi-hectare aux allures de véritable conservatoire tant il héberge de variétés au fil des saisons : « Nous avons plus de 150 variétés de tomates, une dizaine de carottes, et de haricots… » égraine le trentenaire. Des semences parfois obtenues par des collectionneurs sur la toile, comme ces graines de tomate de Sibérie, ou grâce à des passionnés venus à leur rencontre pour confier leur butin, ravis qu’il tombe entre des mains plus vertes que les leurs. Ils tiennent aussi quand c’est possible, à réaliser leurs propres semences, en sélectionnant au fil du temps les plus adaptées à leur terroir. Le climat y est rude, mais c’est là le secret de la qualité de leur production confie Iwan : « Soumis à un environnement hostile, les légumes vont, en réaction, développer leur saveur notamment à travers les terpènes, anthocyanes, et autres vitamines. » Sébastien Bras ne s’y est pas trompé. En complément de l’irremplaçable Jardin de Lagardelle, il s’approvisionne souvent chez ces courageux et seuls maraîchers bio d’Aubrac qui sont partis dans une difficile quête de terres à acquérir pour espérer s’implanter durablement. L’automne arrivant, le cuisinier de Laguiole lorgne sur les choux chinois, pak-choï, pe-tsaï, toutes sortes de radis, noirs, blancs, daïkon, red meat green meat…des chicorées, carottes multicolores ou encore haricots coco nains de Prague, à la belle robe blanche zébrée de violet qui bientôt entameront une jolie danse dans les casseroles du Suquet.