Marqués au fer rouge

Son site se souvient du tintement de l’enclume et du rythme de la frappe qui trahissait le type de matière travaillé. Sébastien garde en mémoire les odeurs que dégageait le métal rougi, trempé dans l’huile. Tous deux en ont gardé une fascination particulière pour ce travail. Comment peut-il en être autrement, à Laguiole, où chacun garde dans sa poche ce petit bout de métal tranchant et rassurant ? Un pays où le couteau ne s’invite pas qu’à table, mais incise aussi la vie des hommes et les étapes de ses rituels. Sébastien a reçu son premier couteau au moment du passage à l’adolescence. Il en reçut un autre à son mariage. Il en acquit lors de ses voyages. Ses séjours au Japon sont autant d’occasions de remplir sa malle au trésor. Mais ses lames les plus chères sont sûrement celles qui l’accompagnent en cuisine et qui effilent, lèvent, parent, taillent, émincent, hachent ou désossent sans faillir. Et chaque jour, comme pour les honorer, Sébastien aime les aiguiser, dans ce moment de concentration, sans cesse renouvelé, avant que le coup de feu ne parte.